20 juin 2006

Coke philosophie


Il ne s’agit pas ici de sniffer une ligne puis de réfléchir aux normes qui devraient gouverner le monde, mais bien de parler d’une canette de Coca, de sa commercialisation, et de ce que cela peut nous apporter dans la compréhension de la nature humaine : on va s'éclater.

Coca-Cola est la seule marque au monde qui emploie le même slogan dans l’ensemble des pays où le produit est commercialisé : Always, Toujours, Altijd, Siempre etc. Ajoutons que Coca-Cola est la boisson la plus bue au monde. Je me suis souvent dit qu’un bon moyen de comprendre l’Homme n’était pas de s’intéresser démesurément aux cas particuliers, mais bien de partir de ces cas pour trouver les constantes, les constantes, seules les constantes, et rien que les constantes. Nous en avons, avec l’éternité annoncée par biais de canettes rouges, identiques partout au demeurant, un bel exemple : merci Coca.

Tous les hommes ont donc conscience du temps qui s’écoule…et tendent à l’éternité (en se gavant d’une boisson hypercalorique) ? Bien sûr que non, ce n’est pas le cas, et l’expérience avant même la raison pourrait nous fournir la preuve du contraire. Reste que l’on peut fédérer les hommes avec une abstraction aussi simple que l’éternité et une boisson aussi sucrée que vendue, chacun reste pourtant unique, canette de Coca ou pas : alors Coca-Cola, rêve d’unité ou humanisme tronqué ?

Je suis tout à fait conscient de l'inutilité de ce message et je l'assume complètement. Merci de rediriger mes lecteurs, par le biais des commentaires, vers des weblogs audacieux, instructifs et enthousiasmants.

07 juin 2006

Pour un journal populaire


On appellera cela synchronisme ou hasard, hier deux évènements, l’un très médiatisé, l’autre pas, ont concordé. Le hasard ne fait rien qui n’y soit préparé à l’avance écrivait Tocqueville, et je vous en apporte la preuve grâce à ces quelques lignes.

Hier, j’avais rendez-vous avec Patrick Eveno, maître de conférence à Paris 1 et historien des médias. Nous devions nous entretenir une vingtaine de minutes, dans le cadre d’une enquête sur la presse quotidienne nationale (PQN) ; une enquête que je réalise avec quelques camarades de l’UFR de science politique. Évidemment notre enquête était problématisée autour de la crise de la PQN, et l’arrivée sur la place publique des quotidiens gratuits tels que Métro ou 20 minutes, figurait parmi les enjeux que nous devions tenter d’analyser.

Hasard ou synchronisme, c’est aussi hier, mardi 6 juin, qu’est sorti le premier numéro d’un nouveau quotidien gratuit, du soir cette fois-ci : Directsoir. L’enquête que mes camarades et moi avions mené avait révélé un manque spécifique à la France, un manque que cristallisait la crise de France Soir : l’absence d’un véritable quotidien populaire. Outre Manche, le Sun, pour ne citer que ce tabloïd-ci, c’est quatre millions de ventes par jour, six millions de lecteurs quotidiens. La PQN française jouit d’une image d’excellence et il y a eu véritablement un hiatus entre cette image et la possibilité de créer un journal véritablement populaire, si bien qu’aujourd’hui, c’est la gratuité qui offre à Directsoir la possibilité d’exister.

Comme me l’expliquait Patrick Eveno, la France n’a pas su, à la différence des Britanniques, prendre le virage populaire au cours des années cinquante et soixante. La crise de la PQN est donc bien plus ancienne. La France, fantastique muséum en plein air avec de la bonne bouffe, snobe le vulgaire tabloïd anglais, et enfonce sa PQN et sa presse régionale dans l’austérité. Le vent semble avoir tourné avec Directsoir. N’aurait-il pas tourné avec Metro et 20 minutes ? Différence fondamentale, Directsoir comme son nom l'indique n’est pas du matin. De ce critère découle l’ensemble du journal, pas de mots croisés ni de sudokus - qui ont fait le succès des deux autres gratuits - mais de l’information, de la culture, et évidemment du people (n’a-t-on pas le droit de rêver en sortant du boulot ?). Du coup, Directsoir, c’est aussi le journal que l’on a dans sa main ou dans son sac lorsque l’on rentre à la maison.

Selon la formule de Boloré, à l’origine de ce journal, Directsoir c’est le « quotidien populaire qui incite à sortir du quotidien ». Boloré a lancé Directsoir en la compagnie entre autres de Philippe Labro, un vieux de la vieille des médias populaires (dont vous pouvez voir la bio ici). Une bonne équipe pour un gratuit de qualité, pas pédant pour un sou, et doté d’une infographie qui offre de multiples ouvertures au lecteur, qui n’est rien de plus que potentiel lorsqu’on lui met le journal dans les mains. Pas d’extravagances, des formes et des encadrés simples, un grand format 29,8 sur 39 centimètres qui permet d’autant mieux de rentrer dedans. Des articles, des citations, et des photos, beaucoup de photos, quatre-vingt par numéro. Le journal se divise ensuite selon quatre séquences : les évènements phares, l’actualité, le sport et la culture, enfin, la vie des people et la télévision. Enfin une diffusion relativement large, 500 000 exemplaires, à la criée, dans quinze villes de France, et un budget impressionant : vingt millions d’euros.



Hier, j’ai donc été agréablement surpris, et heureux de voir qu’une telle initiative ait pu être prise en France. J’ai lu le numéro un, et j’ai quitté la bibliothèque plus tôt pour voir ce que celui d’aujourd’hui donnerait. J’étais dans le quartier des Halles et il m’a été extrêmement facile de trouver le point de distribution, tout le monde avait Directsoir en main, il m’a été donc aisé de remonter à la source. On m’a donné le journal, j’ai levé la tête et j’ai regardé autour de moi. Tout le monde avait les yeux plongés dans les pages du nouveau gratuit. J’ai lu le numéro 2, qui comble d’ironie, s’est permis un pied de nez en saluant la sortie de la nouvelle formule de France Soir.

Je me félicite en tout cas de l’arrivée de Directsoir, un véritable quotidien populaire, car comme me le disais M. Eveno : le but d’un journal, n’est-il pas de mettre sur la place publique? Il me disait aussi, que la lecture c’est important, rien à voir avec l’écoute ou la télévision, car « quand on lit on réfléchit ». Je ne saurai être en désaccord avec lui ce soir, et en attendant demain, je vous remercie de m’avoir lu.

03 juin 2006

Nos oreilles ont de l'avenir


Qui a dit que la radio était morte, supplantée par le règne indigne de la télévision?
Rien n'est plus faux. Les nouvelles technologies : Internet, le haut-débit, les supports matériels audios (ipod, archos, clés usb de toutes sortes et tant d'autres), ont donné un souffle nouveau à la communication audio. De nouveaux horizons se sont ouverts, la démocratisation est en marche. La dictature du temps, celle de la programmation radiophonique, est déclassée et laisse la place à plus de libertés ; notamment grâce à un support : le podcast.

Désormais, on peut télécharger des émissions de radio sur son ordinateur, les transférer sur un balladeur mp3, et les écouter à sa guise en fonction de son humeur. Une révolution? N'existaient-ils pas de balladeurs tuner avant? Oui bien sûr, mais la révolution est dans la flexibilité, la plasticité, et la diversification.
Cela étant dit, le podcast ce n'est pas que la radio, c'est ouvert à tout le monde, et chacun peut créer à l'envie son podcast et le mettre à la disposition du public. Le podcast, est à l'émission de radio, ce que le site, ou le blog, est au web. Les implications et les perspectives du podcasting sont multiples et enthousiasmantes. Imaginons leur avenir dans le cadre de l'enseignement, du civisme, de l'information publique et de la création artistique.

Le podcast, audio donc, a cet avantage sur l'audiovisuel qu'il n'est fait que de mots et de sons. Voilà l'alternative à l'hégémonie de l'image, le contrepoids raisonné à l'extraordinaire et au sensationnel ; en somme, le porteur d'un équilibre au sein des médias qui, jusqu'alors, faisait défaut.

Pour ma part je suis un gros consommateur. J'ai découvert le podcast il y a quelques mois, et depuis, j'ai largement pris mes habitudes et j'ai mes préférences. Chaque samedi, c'est avec impatience que j'attends la fin du téléchargement de l'émission de Jean-Noël Jeanneney Concordance des Temps (cliquez vous y êtes). Tous les matins, avant de partir, je télécharge et transfère sur mon ordinateur Les matins de France Culture de Nicolas Demorand. Demorand est un de ces animateurs représentatif d'un journalisme nouveau et jeune, qui mêle enthousiasme, précision, intégrité, curiosité et efficacité. Je suis fan. Je télécharge aussi régulièrement l'émission 2000 ans d'histoire de Patrice Gélinet, ainsi que l'émission hebdomaire d'Alain Finkielkraut intitulée Répliques. Le podcast c'est aussi l'accès aux informations venant de l'étranger, et un bon moyen de s'accoutumer à une langue. En ce qui me concerne, j'entretiens mon anglais en écoutant régulièrement les podcasts du journal britannique The Guardian.

Vous trouverez d'autre part toutes les informations et un bon moteur de recherche de podcasts sur le site touslespodcasts.com. Inutile donc d'attendre demain, car les podcasts, c'est pour aujourd'hui.