21 mai 2006

Réponse à Walid et Rafael : les acquis sociaux, expression de la solidarité nationale?


Voici une réponse à deux commentaires postés par deux amis, Walid et Rafael. Je les connais de l'Université et les cotoie régulièrement. Walid et Rafael, je vous salue. Walid et Rafael ont écrit ces commentaires en réaction à l'article Garden Party At l'Elysée, et surtout en réaction à la dernière phrase où je remettais en cause les acquis sociaux de la France.

Je ne remets pas en cause le fait que les acquis sociaux soient en France une expression de la solidarité, et que cette solidarité ait fait de la France un grand pays, cependant à votre instar je ne suis pas d'accord pour dire que ce sont ces acquis qui la font tenir, à mon sens ils en sont pour beaucoup des maux que connaît notre pays aujourd'hui. Je ne dis pas qu'il faut détruire le droit du travail, je dis qu'il faut le remanier, je ne dis pas que l'on devrait interdire la grève, mais qu'il devrait y en avoir moins souvent (tout comme les manifestations), ce n'est pas normal de bloquer un pays (comme en 1995), alors même que les élections avaient eu lieu sans candidat FN au second tour. Un constat : notre pays est dans une situation d'immobilité.

Il est impossible d'entreprendre quoique ce soit qui aille à l'encontre du bon vouloir des syndicats, et d'une partie de la population qui manifeste à leurs côtés. A mon sens, il va falloir passer par une période douloureuse mais nécessaire de remise en cause sérieuse de notre système politique et du fonctionnement de l'Etat, mais n'oublions pas que nous avons la chance de vivre dans une République démocratique et que tout ce que l'on perd, c'est peut-être pour mieux le reprendre plus tard. N'oublions pas non plus que l'Etat n'était pas là à l'origine de l'Histoire, c'est une construction historique, et donc un outil plus qu'une fin en soi. Rendre l'Etat trop prépondérant dans la vie des hommes (en faisant de lui le principal employeur par exemple) c'est renier aux hommes une partie de leur humanité. Enfin, vous me dites en ce qui concerne les acquis : "les supprimer ou les affaiblir c'est saper le ciment de la société française. Les renforcer ou les moderniser c'est consolider la cohésion nationale".
Quel est donc ce ciment qu'on a utilisé pour construire la société française? Car je n'en achèterai pas pour construire ma baraque, non, nous vivons dans une société figée et communautaire. Où sont les représentants des immigrés de seconde génération à l'ENA? Quant à renforcer ces acquis c’est, à mon avis, la pire erreur que l'on puisse faire, car il faut savoir que tout cela coûte cher, et que cet argent ne vient pas de nulle part, et que par conséquent il faut qu'il y ait de l'argent sur notre territoire pour que le système fonctionne : en gros il faut créer des richesses et en attirer. Cela ne peut être le cas si les entrepreneurs ne peuvent entreprendre et si les investisseurs ne peuvent investir. Il faut donc permettre la présence de numéraire sur notre territoire. Les moderniser je suis tout à fait d'accord, et cela passe d'autant plus par une refonte de l'histoire nationale, détruite par les historiens depuis l’école des Annales, qui doit être reconstruite par les historiens, en tenant compte de tous, en ne cédant pas au Désir de shoah et en agissant dans le cadre de la vérité (mission impossible ?).

Mais il me semble, du moins je l'espère, que vous et moi nous entendons la même chose lorsque d'un côté vous parlez de modernisation et que de l'autre je parle de destruction, mot brutal, que je n'aurai peut-être pas dû employer, mais qui traduit une volonté de modernisation. Voilà pourquoi j'en appelle à la confiance et à la responsabilité. Perdre un peu d’Etat, c'est pour moi donner plus de valeur aux relations entre les hommes, et donner du sens au mot Humanité. La responsabilité est à l’origine de la confiance et inversement, j’espère même qu’à termes tous, nous rentrions dans cette dynamique de confiance et de responsabilité, car il y a beaucoup à faire et je pense notamment au continent Africain.

Enfin, je vous renvoie à deux lectures, deux œuvres d’Alexis de Tocqueville. La première, c’est en réalité la Seconde Démocratie en Amérique, et en particulier les chapitres qui traitent du Pouvoir social. Puis, une autre, tout à fait d’actualité et dont vous avez déjà entendu parler : L’Ancien régime et la Révolution. Loin de moi l’idée de vous donner une leçon, je veux peut-être vous convaincre, mais surtout garder la porte de ce débat ouverte, pour que ce soit ensemble que nous avancions ; et en attendant vos prochaines réactions, je vous remercie de m'avoir lu.

4 Comments:

Blogger Stanislas Kraland said...

Cher Walid, merci pour ta réponse. Tu as raison nos différents portent sur des perceptions et non sur l'essence de l'Etat.
Quant au libéralisme, tu remarqueras qu'à aucun moment le mot n'es présent dans mon article, car s'il faut libéraliser, je ne prône pas le libéralisme car je pense qu'il est essouflé et qu'il doit être idéologiquement renouvelé car oui, il a montré ses limites. Pour bien me comprendre je te renvoie à l'article sur la science posté aujourd'hui 21 mai. Je te donne un indice : l'éthique.
A très bientôt, t'es un bon toi.

7:56 PM  
Anonymous Anonyme said...

On s'imgine toujours que l'instauration de l'Etat Providence en France fut une sorte de révolution du prolétariat ou quelque chose dans le genre, et que c'est l'horizon indepassable de la scoiété, de la démocratie, de l'humanité.
Pourtant, je tiens à rappeller que les acquis sociaux ont été occtroyés par l'Etat, qui a accepté quelques concessions. Mais c'est bien l'Etat qui, toujours, est resté maître de la situation. Ce qu'il a donné, il peut l'enlever.
Alors je pense que la situation d'aujourd'hui synthétise vos deux positions: l'Etat infantilise et l'Etat redistribue. Il ne s'agit pas d'une question morale ("Est-ce mal que l'Etat infantilise?"), il s'agit de comprendre: on est aujourd'hui dans une révolution du prolétariat manquée. La propriété privée existe, mais la richesse est redistribuée, la pauvreté augmente, mais l'Etat se montre charitable....Bref, la situation pourrie actuelle montre qu'une révolution uniquement menée par l'Etat et poursuivie par elle a des conséquences très graves: le citoyen est dépossédé de toute parcelle de souveraineté, de toute tesponsabilité individuelle. En Angleterre et en Allemagne, l'Etat n'a pas joué seul son rôle de révolutionnaire: les travailleurs l'ont accompagné: tout changement social était le produit de négociations directes entre patronnat et syndicats-monstres de plusieurs milions de travailleurs. En France, le syndicalisme n'existe pas: c'est l'Etat qui décide, réforme, chosit, puis qui vérifie du coin de l'oeil que ceux qui travaillent son ok.

Voilà mon petit mot indispensable!

12:17 PM  
Blogger Raphaël Morán said...

J'ai mis quelques remarques sur ton article sur : http://mapierrealedifice.blogspot.com/

12:42 AM  
Blogger Asty said...

Je préciserai juste que la France, selon une image courante, est le pays des manifestations & de la grève.. Il y'a en France, et depuis 1985, de moins en moins de grèves. A peine plus qu'au R-U, et beaucoup moins qu'en Italie, en Espagne ou aux Etats-Unis.
Seulement, en France, cela touche les services centraux, donc c'est plus visible.

Selon le BIT, La réalité des grèves

Jours perdus annuellement
pour 1 000 habitants, période 1999-2003 :
France et Royaume-Uni : 10 jours
États-Unis : 20 jours
Italie : 30 jours

Voilà, c'était une prévision, mais par pitié, tordre le cou à cette idée reçue est essentiel !

10:50 AM  

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